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DÉCÈS DE MAURICE CUKIERMAN

Maurice Cukierman, Secrétaire Général du PCRF, militant internationaliste, est décédé le 22 juillet. Adhérent à la JC dans sa jeunesse, puis au PCF à partir de 1968, il fut de ceux qui s’opposèrent à l’abandon de la dictature du prolétariat en 1976, puis à la “mutation” réformiste. Il milita à la Coordination Communiste et suivit la tendance majoritaire qui créera en 2004 l’URCF dont il deviendra Secrétaire International. Il se rendit à ce titre en République Populaire Démocratique de Corée, la cause de la réunification pacifique et indépendante de la Corée étant un de ses nombreux engagements, notamment au sein de l’Association d’Amitié Franco-Coréenne. Nous retiendrons aussi son engagement dans la lutte anti apartheid, ainsi que pour la cause palestinienne (son article “Gaza comme le Ghetto de Varsovie” suscita la hargne des milieux sionistes et des pseudo-antifascistes).

Intellectuel brillant, il fit preuve d’une autonomie de pensée qui l’amena parfois à porter au sein de l’Organisation des thèses répandues dans le mouvement communiste marqué par le révisionnisme moderne: sous-estimation des contradictions inter-impérialistes entre l’Union Européenne, qu’il présentait comme soumise à Washington via l’OTAN, et les USA, qualification du 20e Congrès du PCUS d’opportuniste et non de révisionniste, minimisation de l’apport de Staline au marxisme-léninisme… 

Il fit preuve d’un grand enthousiasme au cours du processus d’unification de l’URCF avec “Communistes”, qui se révéla être une absorption pure et simple. Peu après le décès de Jean-Luc Sallé, la plupart des anciens membres de l’URCF restés dans le “Parti Révolutionnaire Communistes” le quittèrent et fondèrent le Parti Communiste Révolutionnaire de France dont Maurice Cukierman deviendra Secrétaire Général. 

La disparition de l’URCF est caractéristique d’une deuxième vague de reflux du mouvement communiste international (après la contre-révolution en URSS et la destruction du camp socialiste). En France, elle se traduit par l’émiettement et l’isolement des marxistes-léninistes dans de multiples groupes et par leur affaiblissement. La tendance à l’économisme, à coller aux mouvements sociétaux sans point de vue critique de classe prend le dessus sur la perspective de la révolution socialiste. Sous la direction de Maurice Cukierman, le PCRF a multiplié ces derniers temps les actions communes avec des groupes oppositionnels du PCF, pratique qui était celle du début de la Coordination Communiste dans les années 90. À notre avis, la reconstruction d’un véritable parti communiste révolutionnaire passe par une rupture claire avec l’opportunisme et le révisionnisme (le PCF étant quant à lui à présent un parti social-démocrate). C’est par le travail politique dans la classe ouvrière que la Parti naîtra. L’URCF avait été sur le point de réussir à le créer, avant que la fusion ne vienne tout remettre en cause. Il faut que les marxistes-léninistes se ressaisissent et reviennent sur la voie de la lutte révolutionnaire.

L’ÉCHEC D’UNE GESTION SOCIAL-DÉMOCRATE

La prise de Saint-Denis par le PS aux élections municipales est le couronnement de décennies de dégénérescence de la politique municipale, qui ont vu les abandons successifs par le PCF de son identité révolutionnaire et de classe, l’électoralisme avec l’union sans principe avec la social-démocratie, la soumission aux grands monopoles (Vinci, Bouygues, Veolia, Eiffage… et leurs relais locaux) par le biais de l’intercommunalité et du Grand Paris, et le clientélisme.

Russier, le maire battu, a qualifié son adversaire de “maire le plus mal élu”. Avec 67,47% d’abstention, le nouveau maire PS passe surtout grâce aux votes des partisans de la droite et de LREM, qui sont en grande partie des commerçants, pourtant relativement gâtés par l’équipe sortante, et la nouvelle population “bobo” installée récemment. La majorité sortante déplore la trahison de LFI avec laquelle il n’a pas été possible de fusionner au deuxième tour sous le prétexte de la présence d’un candidat auquel il était reproché (tardivement tout de même puisqu’il faisait partie de la majorité sortante) des prises de position anti-laïcité et communautaristes. 

L’échec de la politique de la social-démocratie (PCF) est celui du refus de construire avec les travailleurs les outils pour préparer la révolution, de les organiser, de soutenir leurs luttes. Les renoncements successifs du PCF, surtout depuis les années 90, ont contribué à enlever toute perspective, laissant la place aux divisions entretenues par la bourgeoisie sur la base de l’appartenance (réelle ou fantasmée) ethnique, religieuse, ou d’intérêts de clans. Les commentaires présentant les événements comme la fin de soixante dix ans de communisme relèvent de la mystification. Quelle continuité y a-t-il entre l’époque d’Auguste Gillot et d’un PCF à l’avant-garde des luttes pour le bien-être de la population, l’emploi, le logement de qualité à un prix abordable, et le tournant “rénovateur” misant sur l’installation de sièges de grands groupes dans le quartier de la Plaine et faisant place au partenariat public-privé jusque dans les écoles?

La population a aussi rejeté l’union par le sommet à laquelle plus personne ne croit, la lutte pour les places.

Dans le contexte de la domination du capital dans tous les aspects de la vie, gérer une ville revient à aménager le capitalisme en estompant les effets du système. Or, ce n’est pas par la distribution de colis alimentaires, ni par la construction d’un bidonville municipal pour la population Rrom qu’il est possible d’inverser la tendance à la paupérisation de la majorité des habitants., Garder une ville, pour une majorité véritablement soucieuse de transformer la société,  c’est soutenir les luttes contre les licenciements et la réforme des retraites, pour la gratuité de la santé, refuser les expulsions locatives, créer les conditions de la révolution.

Contre l’unité nationale: classe contre classe!

La crise du Covid19 agit comme un accélérateur des effets de la crise systémique du capitalisme. Les faillites et cessations de paiements annoncés font présager un accroissement de la concentration du capital au détriment des PME qui, pour la plupart, tiennent le rôle de sous-traitants ou de fournisseurs pour les grandes entreprises. Les injections massives d’argent dans l’économie pour maintenir la solvabilité des marchés et sauver les profits des monopoles français font grimper la dette publique qui s’approche des 120% du PIB. Ce sont les travailleurs, notamment les plus précaires, qui subissent de plein fouet la guerre économique que se livrent les grands capitalistes. Les licenciements et les attaques contre les salaires et acquis se multiplient. Des “accords de performance collective” visant à imposer aux travailleurs des sacrifices sous prétexte d’éviter des licenciements sont signés çà et là, comme à Derichebourg Blagnac (sous-traitant d’Airbus) qui s’engage (parole de patrons) à ne pas procéder à des licenciements économiques jusqu’en 2022, contre la perte d’indemnités journalières de transports et repas et celle du 13e  mois pour les cadres gagnant plus de 2,5 fois le SMIC. Ceux qui n’accepteront pas seront licenciés, comme l’autorisent les ordonnances Macron, avec une prime supplémentaire de consolation. Les 15 milliards d’aide publiques pour le secteur aéronautique apparaissent donc comme des aides aux plans de restructuration. Il en est de même à Renault qui a annoncé 15.000 suppressions de postes dont 4600 en France à la suite de l’accord sur le versement du prêt garanti par l’État de 5 milliards.

ADP, société anonyme dont l’État bourgeois reste majoritaire suite au renoncement à la privatisation, annonce son intention de procéder à des ajustements de même nature que ceux qui sont mis en oeuvre dans plusieurs compagnies aériennes, du fait de la baisse du chiffre d’affaires dans le secteur. Dernièrement, Nokia a annoncé la suppression de plus de 1233 emplois, menaçant le site de Lannion qui ne serait plus viable avec la réduction anoncée de plus de la moitié des effectifs.

Mais il ne suffit pas au capital de supprimer des emplois, il doit aussi augmenter la productivité du travail pour tenter de rentabiliser les énormes investissements de ces dernières années (automatisation, utilisations des nouvelles technologies pour contrôler la production, l’adapter aux normes environnementales et à la concurrence et  écouler la marchandise). Ces investissements ont permis de supprimer des emplois, surtout les moins qualifiés. Il y a un an, le cabinet Oxford Economics  annonçait qu’au niveau mondial, la robotisation allait supprimer 20 millions d’emplois industriels d’ici à 2030. Néanmoins, l’allongement du temps de travail est à l’ordre du jour, ainsi que le signifiait Macron dans son discours du 14 juin en préconisant de travailler davantage. La contre-réforme des retraites est quant à elle maintenue, comme le détricotage du Code du Travail. 

Les incantations de Macron sur l’unité de la Nation ne peuvent dissimuler l’âpreté de la lutte de classe et l’antagonisme entre la bourgeoisie et la population travailleuse à qui on impose de se sacrifier pour aider des entreprises qui ne lui appartiennent pas et dans la gestion desquelles elle n’a pas son mot à dire. En effet, la crise met en lumière l’anachronisme de la propriété privée des entreprises, pilier du capitalisme pour lesquelles l’État transfert massivement de l’argent pris aux travailleurs (ou créé artificiellement par la BCE) en faisant porter sur les épaules de plusieurs générations une dette publique qui ne sera jamais remboursée mais pour laquelle les futurs gouvernements, de droite comme de gauche, imposeront des mesures de régression de civilisation. 

Face à la crise, les fausses solutions d’aménagement du capitalisme, c’est-à-dire de mesures visant à atténuer ses aspects les plus inhumains, émanent autant du PS qui propose à nouveau des emplois aidés, le développement de l’actionnariat salarié, voire chez certains de ses représentants, le salaire à vie ou le revenu universel. Les partis de la social-démocratie (PCF, FI, NPA…), surfent sur les luttes et sur le mécontentement pour éviter toute rupture révolutionnaire. 

Les luttes contre les plans de licenciements et fermetures d’entreprises doivent se généraliser et ne pas porter sur l’acceptation du moindre mal ou sur le partage des sacrifices avec les actionnaires, comme y incitent des réformistes vendus, ni sur la recherche d’un bon investisseur ou d’un bon repreneur, mais sur le refus de payer la crise, l’augmentation des salaires, des recrutements, la diminution du temps de travail (unique façon acceptable de répondre à la baisse d’activité, après des années d’austérité salariale et de profits engrangés). L’unité des travailleurs, qui a grandi lors de la lutte contre la réforme des retraites et dans le cadre de la défense du service public de la santé, doit constituer la base d’une contre offensive pour imposer une politique répondant aux besoins et non au profit d’une classe parasitaire. 

Le capitalisme n’a pas d’avenir, il doit céder la place au socialisme,, avec une économie planifiée dirigée par les travailleurs et basée sur la propriété collective des grands moyens de production et d’échange. Pour l’atteindre, la révolution est la seule solution. Préparons-la, construisons notre parti révolutionnaire.

LES TRAVAILLEURS NE DOIVENT PAS PAYER LA CRISE

L’épidémie de COVID 19 qui affecte la plupart des pays du monde sert de prétexte à la bourgeoisie monopoliste et aux gouvernements à ses ordres pour préparer une offensive de plus grande ampleur contre les droits et acquis des travailleurs. La récente déclaration du président du groupe LREM à l’Assemblée Nationale Gilles Legendre en faveur de la nécessité de mettre de côté la réforme des retraites (ce que Macron s’est gardé de confirmer) pour assurer une large union nationale est un signe que la sortie de l’épidémie sera une occasion d’asséner des coups encore plus durs au monde du travail. Ainsi, le président du MEDEF Roux-de Bezieux invite à remettre en cause les congés et le régime du temps de travail pour permettre la reprise et assurer la survie des entreprises. Déjà les ordonnances de Macron ont permis, dans certains secteurs vitaux, l’extension de la durée du travail à 12 heures par jour et 60 heures par semaine, le travail du dimanche, alors que dans certaines entreprises et administrations la direction oblige les salariés à poser des jours de congés pendant le confinement et les empêche d’annuler ou de reporter ceux qui avaient été posés auparavant.

La situation sanitaire en France résulte de décennies de politique d’austérité, de fermetures d’hôpitaux publics, de suppression de lits et de personnel. L’insuffisance du nombre de masques, de tests et de place dans l’hôpital public, les incohérences et contradictions du discours gouvernemental (appels à continuer à mener une vie normale, puis à aller voter, puis à rester chez soi sous peine d’amende, voire de prison, mais à aller quand même travailler), la négligence du patronat vis à vis des mesures de protection des travailleurs expliquent la propagation du virus et la décision de mettre la quasi totalité de la population en confinement, pratique inédite et qui sert surtout à limiter l’engorgement des hôpitaux. 

En fait, le COVID 19 est venu aggraver la crise que subit le capitalisme au niveau mondial. Les inégalités dans le confinement et dans la prise en charge médicale selon que l’on appartienne à la population travailleuse ou aux couches bourgeoises ou petites-bourgeoises sont un révélateur que le capitalisme est incapable de satisfaire les besoins élémentaires du pays et de ses habitants. Les dernières déclarations de Macron prolongeant le confinement jusqu’au 11 mai signifient aussi que l’ampleur des dégâts économiques (fermetures d’entreprises, déficit prévu à ce jour de 7,6% du PIB) nécessitera un plan de relance que les travailleurs seront amenés à payer par une aggravation de l’exploitation. Pour restaurer leurs profits, les capitalistes devront baisser drastiquement le prix de la force de travail en augmentant la durée d’utilisation des équipements, en comprimant les salaires directs et indirects. Il faut s’attendre à ce que les mesures dérogatoires sur le temps de travail qui sont prévues pour une durée supérieure à celle du confinement soient généralisées. Les aides de l’État, évaluées à un minimum de 50 milliards, auxquelles s’ajouteraient 35 milliards de reports de cotisations sociales et d’impôts, risquent de ne pas suffire, à tel point qu’il est question de nationaliser des grandes entreprises en difficulté. Ces nationalisations ne visent bien sûr pas à remettre en cause le pouvoir de l’oligarchie financière, mais à renflouer temporairement ces entreprises aux frais de l’État avant de les restituer au capital privé quand leur profitabilité sera à nouveau assurée. Et contrairement aux situations précédentes où des nationalisations avaient pu permettre aux travailleurs en lutte d’obtenir des avancées en matière de droits et d’acquis sociaux, le rapport de forces n’est pas aujourd’hui en faveur des travailleurs dont les organisations syndicales sont affaiblies, notamment suite à la fusion des CE et CHSCT dans des CSE aux moyens réduits ne faisant pas le poids face au rouleau compresseur patronal et gouvernemental. Quant au plan politique, l’absence de parti communiste menant la lutte contre la propriété privée, la dictature de la bourgeoisie et de son État dans une perspective révolutionnaire pour une société socialiste limite l’efficacité des luttes. Il est urgent de le construire, et pas de renforcer les partis dits de gauche qui ne s’opposent qu’aux aspects les plus inhumains du capitalisme sans remettre en cause son existence.

Les quelques mesures temporaires avancées comme des nationalisations, l’annulation du versement des dividendes et la baisse des rémunérations de certains patrons, l’abandon des règles strictes en matière de déficit public ne doivent pas faire illusion. Elles sont seulement le signe que la bourgeoisie est en difficulté et qu’elle peut reculer quand elle risque de tout perdre. C’est pour cela que l’heure n’est pas à l’unité nationale avec les exploiteurs et leurs laquais qui sont directement responsables de la situation, mais à la préparation des luttes nécessaires pour repousser les attaques du MEDEF. L’État, qui s’attend à des mouvements sociaux très durs une fois le confinement terminé, ne s’y trompe pas. Il augmente déjà son dispositif répressif en restreignant les libertés démocratiques, en préparant la mise au point d’outils informatiques de pistage des déplacements des individus, et en réprimant de façon démesurée les cas réels ou supposés de non-respect du confinement. Ce n’est pas aux travailleurs de payer la crise, ils doivent s’organiser pour la faire payer par les capitalistes, par exemple en luttant pour que les aides à l’hôpital public promises par Macron soient effectives. Est-il admissible que Biomérieux vende d’abord son test aux USA, enregistrant au passage un bond de ses actions de 27,2% le 24 mars? Un État socialiste, après avoir nationalisé les grandes entreprises, planifierait la production et la distribution de tests ainsi que de masques, de vaccins, sans se soucier de la rentabilité financière. Il ne s’agit donc pas de volonté politique, mais de la nécessité de changer de système économique par l’appropriation collective des moyens de production et le pouvoir d’état des travailleurs.

La chair à canon du général Macron

Dans la guerre contre le covid 19, Macron envoie les travailleurs en première ligne pour protéger le patronat. Il y a donc des victimes! À Carrefour Saint-Denis nous pouvons déplorer la mort de la déléguée syndicale CGT Aïcha des suite d’une infection par le Covid 19. La direction applique les consignes du gouvernent vis-à-vis de la remise en cause du droit du travail, mais ne respecte point, en toute impunité, les mesures barrière de protection des salariés. Les salariés du groupe Carrefour ont dû d’ailleurs se mettre en droit de retrait contre la mise en danger des vendeuses et des autres travailleurs. À Saint-Denis, il est plus visible qu’ailleurs que les mesures de sécurité sont considérées comme aléatoires afin que le profit prime sur la vie. Aucun matériel de protection, personnel insuffisant davantage exposé de fait à la contamination, faisant du coup courir des risques a la clientèle. Pas de masques, pas de gel ni lingettes désinfectantes, pas de gants… Non content de toucher des aides publiques faramineuses et d’exploiter le personnel, Carrefour Saint-Denis exploite à outrance hors la crise sanitaire et c’est en première ligne aujourd’hui que les travailleuses et travailleurs sont exposés comme d’ailleurs ceux du service public de proximité où la sécurité n’est absolument pas prise en compte. La loi scélérate sur l’état d’urgence sanitaire qui impose avec la remise en cause de ce qui reste du droit du travail 60 heures par semaine, tue les salariés au travail pour regonfler les profits. On peut constater également que Carrefour ne pâtit pas des conséquences de la crise sanitaire; au contraire, jamais il n’a vendu autant de marchandises!

Pas d’unité nationale avec les exploiteurs

Cette politique constitue le fondement de cette fameuse «unité nationale» qu’il ne faut pas accepter mais combattre à tout prix. Des discours se profilent dans les débats organisés par les medias sur une baisse drastique du salaire de base des travailleurs après le confinement. Le personnel soignant doit également payer le prix fort en nombre de victimes a cause des options capitalistes qui depuis plusieurs décennies s’acharnent, avec tous les gouvernements qui se sont succédé, à dilapider l’hôpital public, réduisant les coûts, compressant les effectifs, et raréfiant le matériel. La médecine privée fonctionne au rythme du profit des multinationales du médicament. Pourquoi la polémique avec le professeur Raoult sur la Chloroquine dont ce dernier déclare que cela servirait vis-à-vis des patients pouvant supporter les effets secondaires à ralentir les attaques du virus? Certainement parce que ce médicament est très peut coûteux et qu’il ne rapporterait pas assez. On peut en tout cas se le demander. Aujourd’hui nous applaudissons les infirmières et c’est bien parce qu’elles exposent leur vie généreusement, mais les 40 milliards manquants réclamés par les professionnels de santé sur l’hôpital public pourraient renforcer les effectifs, le matériel, et augmenter les salaires qui sont dérisoires. C’est inhumain! Applaudissons les infirmières mais pas le gouvernement qui les envoie au casse pipe! Macron aux ordres du MEDEF n’à pas oublié de réserver 300 milliards pour les entreprises privées afin de les aider à préserver leurs profits face aux conséquences économiques de la crise sanitaire. Nous soutenons la CGT qui appelle le personnel du service public à faire grève a partir du mois d’Avril! La réforme des retraites a été suspendue mais le capital ne renonce point à sa politique de dégradation des acquis sociaux.

Confinez-vous! Mais travaillez, travaillez, travaillez!  

En ce qui concerne l’urgence sanitaire, les tests ne sont pas disponibles, mais la force de travail est là pour produire les richesses qui servent a accumuler les profits principalement pour les entreprises du CAC 40. Les travailleurs ne doivent pas payer les conséquences économiques de la crise sanitaire. Cette société bourgeoise a échoué; luttons pour organiser la révolution socialiste qui réduira et résoudra les problèmes de cette crise causée par la logique économique reposant sur l’exploitation du travail salarié. Vive la révolution!

HOMMAGE AU CAMARADE LÉON (1948-2020)

Notre camarade Léon, Président du Collectif DÉFENSE, est décédé ce mardi 10 mars 2020 d’un cancer. Né en Algérie, il connut, peu après son arrivée en France, la dureté de la vie de prolétaire: stages et emplois sous-payés, mal-logement, vie chère, exploitation… Il milita au PCF dans le quartier de la Chapelle-Goutte d’or à Paris, où il affronta les marchands de sommeil et les spéculateurs qui entendaient chasser les couches populaires de ce quartier. Il travailla dans le domaine de l’audio-visuel à l’Université de Vincennes, qui, lors de son transfert à Saint-Denis, devint Paris 8. Il y fut témoin de la destruction du service public par des chefs d’UFR qui montaient leur propre entreprise, des intrigues des gauchistes et futur cadres du PS méprisant les travailleurs et professant l’anti-communisme derrière un discours “révolutionnaire”. Il n’eut de cesse de chercher à élargir ses connaissances, notamment en linguistique, en anthropologie. Il se rendit en Chine dans les années 1980, quand la restauration capitaliste ne prenait pas encore le pas sur les éléments de socialisme et suivit des cours de langue chinoise. Il s’engagea également pour la solidarité avec le peuple libanais en lutte contre l’impérialisme et le sionisme. À son arrivée à Saint-Denis, il constata la dégénérescence du PCF local. Sa rencontre avec l’Union des Révolutionnaires-Communistes de France, dont il fut membre du Comité Central, fut pour lui une bouffée d’oxygène. Il apprit à lier la lutte revendicative à la perpective de la révolution socialiste et trouva, dans l’étude du marxisme-léninisme, l’explication des contradictions qu’il avait rencontrées dans sa vie militante et professionnelle. Il rejoignit le Collectif DÉFENSE dès sa création et participa à toutes les luttes. Lors des quatre mois où il fut hospitalisé, il regretta de ne pas pouvoir participer au grand mouvement de lutte pour les retraites. Il continua d’étudier des textes d’Engels, de Staline, l’histoire de l’Union Soviétique, notamment la période de lutte contre le sabotage trotskyste, discutant avec le personnel médical et d’autres patients de la nécessité de lutter contre le capitalisme et de le renverser par la révolution.

La vie de ce camarade généreux et solidaire est un exemple d’engagement désintéressé pour la libération humaine.

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GRÈVE GÉNÉRALE POUR LE RETRAIT TOTAL DE LA RÉFORME MACRON

La contre-réforme de Macron visant à liquider le système de retraites basé sur la solidarité entre les générations mobilise contre elle des millions de travailleurs dans un mouvement de lutte inédit, qui suscite la sympathie de la majorité de la population. Après plus d’un mois de manifestations, de blocages, de grèves, la détermination va croissant pour gagner le retrait total du plan Macron.

Cette contre-réforme est, comme celle qui a affecté l’assurance-chômage, une attaque contre les salaires, qui vise à soutirer plus de plus-value pour le capital en faisant travailler les gens plus longtemps et préparer le terrain à la prise en main par des fonds de pension privés (Blackrock, AXA, BNP, AMUNDI…) de la manne que constituent les régimes de retraite de la sécurité sociale (plus de 300 milliards) et des régimes particuliers.

La trahison de la direction CFDT, qui présente toujours les mesures régressives des gouvernements successifs comme une occasion de mettre les choses à plat pour obtenir des avancées, afin de couvrir sa politique de collaboration de classe, a même poussé les travailleurs à intensifier et élargir le mouvement pour signifier leur refus de tout aménagement de la contre-réforme qui va bien au-delà de l’âge pivot: plafonnement des pensions à 14% du PIB, suppression des régimes dits spéciaux, gagnés par des luttes et qui compensent des travaux pénibles et des rémunérations de base peu élevées ou progressant lentement, retraite à points, calcul de la retraite sur toute la carrière, etc.

Le mouvement de lutte qui part de la base remet en cause les stratégies réformistes des directions confédérales syndicales: les travailleurs font l’expérience que le soi-disant dialogue social ne fait qu’accompagner les régressions sociales: suppression des acquis et garanties sociales, fermetures d’entreprises et de services publics, blocages des salaires, licenciements… sans arrêter le rouleau compresseur qui détruit tous nos acquis. Ils remettent en cause également les journées d’action saute-mouton qui ont un effet limité et ne permettent pas que le mouvement s’inscrive dans la durée. Ce n’est que par la lutte et le blocage de la production et de la circulation du capital que l’on peut faire reculer la bourgeoisie et son gouvernement et obtenir la satisfactions de nos revendications. Les travailleurs doivent tenir sur les revendications de retrait du plan Macron, la retraite à 60 ans avec un taux de remplacement de 75%, des mesures pour augmenter les salaires (condition à la viabilité du système de retraite), notamment sur l’égalité homme-femme…

Les travailleurs des raffineries de pétrole ont rejoint ceux de la SNCF et de la RATP qui sont en grève reconductible depuis plus de 40 jours. D’ autres secteurs, publics ou privés, entrent dans l’action ou l’amplifient afin de généraliser la grève: EDF-GDF, Banque de France, La Poste, Orange, les avocats le secteur hospitalier… Souvent, ils mettent à profit la dynamique de la mobilisation pour poser également d’autres revendications sur l’emploi, les salaires, les conditions de travail… La solidarité de la population grandit, ainsi que l’unité de lutte: les Gilets Jaunes semblent rompre avec l’hostilité envers les syndicats qui existait au début du mouvement, l’opinion publique se fait entendre contre la répression policière et la vol sur les retraites. La contestation doit s’amplifier dans le public.

La régression de civilisation que nous vivons résulte de la crise du système capitaliste, de son incapacité à satisfaire les besoins fondamentaux des gens. En 2019, 60 milliards d’euros de dividendes ont été versés aux actionnaires. Il faut y ajouter les aides publiques aux entreprises, le CICE et l’encouragement de l’État à l’exportation des capitaux. Cette richesse provient de l’exploitation des travailleurs qui seuls produisent la plus-value accaparée par les détenteurs du capital (entreprises, banques, fonds spéculatifs…). Un État socialiste dirigé par les travailleurs  investirait cette somme dans le développement des services publics, l’augmentation du pouvoir d’achat, les assurances sociales, moderniserait l’outil de production pour soulager la peine des producteurs et diminuer le temps de travail. Mais le capitalisme est régi par la propriété privée des principaux moyens de production et la concurrence qui conduit à baisser toujours plus les salaires, augmenter les cadences et la durée du travail, sous peine de perdre des parts de marché. Cela explique aussi que des capitaux énormes ne trouvent pas à s’investir et sont immobilisés dans les paradis fiscaux, versés sous forme d’actions, utilisés par les plus riches pour l’achat de produits de luxe… La tâche du gouvernement bourgeois et aussi d’ouvrir aux appétits de la classe capitaliste les secteurs jusqu’ici relativement préservés: la sécurité sociale, les services et entreprises publics.

La lutte pour le retrait du plan Macron est à un tournant; seule la grève générale reconductible peut conduire à la victoire. Bien sûr, le capital tentera de repasser à l’offensive et d’autres réformes réactionnaires sont programmées. Tant que le système capitaliste ne sera pas menacé dans son existence, il sera difficile d’imposer des lois et mesures de progrès social. Pour l’abattre, il faut une révolution socialiste. Préparons-la dans nos luttes, construisons un parti révolutionnaire.