COLLECTIF "DÉFENSE"

Accueil » 2020 » juillet

Archives Mensuelles: juillet 2020

DÉCÈS DE MAURICE CUKIERMAN

Maurice Cukierman, Secrétaire Général du PCRF, militant internationaliste, est décédé le 22 juillet. Adhérent à la JC dans sa jeunesse, puis au PCF à partir de 1968, il fut de ceux qui s’opposèrent à l’abandon de la dictature du prolétariat en 1976, puis à la “mutation” réformiste. Il milita à la Coordination Communiste et suivit la tendance majoritaire qui créera en 2004 l’URCF dont il deviendra Secrétaire International. Il se rendit à ce titre en République Populaire Démocratique de Corée, la cause de la réunification pacifique et indépendante de la Corée étant un de ses nombreux engagements, notamment au sein de l’Association d’Amitié Franco-Coréenne. Nous retiendrons aussi son engagement dans la lutte anti apartheid, ainsi que pour la cause palestinienne (son article “Gaza comme le Ghetto de Varsovie” suscita la hargne des milieux sionistes et des pseudo-antifascistes).

Intellectuel brillant, il fit preuve d’une autonomie de pensée qui l’amena parfois à porter au sein de l’Organisation des thèses répandues dans le mouvement communiste marqué par le révisionnisme moderne: sous-estimation des contradictions inter-impérialistes entre l’Union Européenne, qu’il présentait comme soumise à Washington via l’OTAN, et les USA, qualification du 20e Congrès du PCUS d’opportuniste et non de révisionniste, minimisation de l’apport de Staline au marxisme-léninisme… 

Il fit preuve d’un grand enthousiasme au cours du processus d’unification de l’URCF avec “Communistes”, qui se révéla être une absorption pure et simple. Peu après le décès de Jean-Luc Sallé, la plupart des anciens membres de l’URCF restés dans le “Parti Révolutionnaire Communistes” le quittèrent et fondèrent le Parti Communiste Révolutionnaire de France dont Maurice Cukierman deviendra Secrétaire Général. 

La disparition de l’URCF est caractéristique d’une deuxième vague de reflux du mouvement communiste international (après la contre-révolution en URSS et la destruction du camp socialiste). En France, elle se traduit par l’émiettement et l’isolement des marxistes-léninistes dans de multiples groupes et par leur affaiblissement. La tendance à l’économisme, à coller aux mouvements sociétaux sans point de vue critique de classe prend le dessus sur la perspective de la révolution socialiste. Sous la direction de Maurice Cukierman, le PCRF a multiplié ces derniers temps les actions communes avec des groupes oppositionnels du PCF, pratique qui était celle du début de la Coordination Communiste dans les années 90. À notre avis, la reconstruction d’un véritable parti communiste révolutionnaire passe par une rupture claire avec l’opportunisme et le révisionnisme (le PCF étant quant à lui à présent un parti social-démocrate). C’est par le travail politique dans la classe ouvrière que la Parti naîtra. L’URCF avait été sur le point de réussir à le créer, avant que la fusion ne vienne tout remettre en cause. Il faut que les marxistes-léninistes se ressaisissent et reviennent sur la voie de la lutte révolutionnaire.

L’ÉCHEC D’UNE GESTION SOCIAL-DÉMOCRATE

La prise de Saint-Denis par le PS aux élections municipales est le couronnement de décennies de dégénérescence de la politique municipale, qui ont vu les abandons successifs par le PCF de son identité révolutionnaire et de classe, l’électoralisme avec l’union sans principe avec la social-démocratie, la soumission aux grands monopoles (Vinci, Bouygues, Veolia, Eiffage… et leurs relais locaux) par le biais de l’intercommunalité et du Grand Paris, et le clientélisme.

Russier, le maire battu, a qualifié son adversaire de “maire le plus mal élu”. Avec 67,47% d’abstention, le nouveau maire PS passe surtout grâce aux votes des partisans de la droite et de LREM, qui sont en grande partie des commerçants, pourtant relativement gâtés par l’équipe sortante, et la nouvelle population “bobo” installée récemment. La majorité sortante déplore la trahison de LFI avec laquelle il n’a pas été possible de fusionner au deuxième tour sous le prétexte de la présence d’un candidat auquel il était reproché (tardivement tout de même puisqu’il faisait partie de la majorité sortante) des prises de position anti-laïcité et communautaristes. 

L’échec de la politique de la social-démocratie (PCF) est celui du refus de construire avec les travailleurs les outils pour préparer la révolution, de les organiser, de soutenir leurs luttes. Les renoncements successifs du PCF, surtout depuis les années 90, ont contribué à enlever toute perspective, laissant la place aux divisions entretenues par la bourgeoisie sur la base de l’appartenance (réelle ou fantasmée) ethnique, religieuse, ou d’intérêts de clans. Les commentaires présentant les événements comme la fin de soixante dix ans de communisme relèvent de la mystification. Quelle continuité y a-t-il entre l’époque d’Auguste Gillot et d’un PCF à l’avant-garde des luttes pour le bien-être de la population, l’emploi, le logement de qualité à un prix abordable, et le tournant “rénovateur” misant sur l’installation de sièges de grands groupes dans le quartier de la Plaine et faisant place au partenariat public-privé jusque dans les écoles?

La population a aussi rejeté l’union par le sommet à laquelle plus personne ne croit, la lutte pour les places.

Dans le contexte de la domination du capital dans tous les aspects de la vie, gérer une ville revient à aménager le capitalisme en estompant les effets du système. Or, ce n’est pas par la distribution de colis alimentaires, ni par la construction d’un bidonville municipal pour la population Rrom qu’il est possible d’inverser la tendance à la paupérisation de la majorité des habitants., Garder une ville, pour une majorité véritablement soucieuse de transformer la société,  c’est soutenir les luttes contre les licenciements et la réforme des retraites, pour la gratuité de la santé, refuser les expulsions locatives, créer les conditions de la révolution.